L’horloger des songes, Dzovinar Mikirditsian

Sophie Deshayes flûte
Aïda Aragoneses harpe
Gilles Delièges alto

semaine du 29 avril 2022, émission « Création Mondiale » d’Anne Montaron, sur France Musique

Dzovinar Mikirditsian est une compositrice libanaise et arménienne qui habite actuellement en France.

Elle s’intéresse à la composition musicale à travers ses collaborations en tant que pianiste/compositrice dans le domaine de l’art vidéo, du théâtre et du film. Depuis qu’elle s’installe en France, elle étudie la composition instrumentale et électroacoustique avec José Manuel López López, Martin Matalon, Yan Maresz, Nicolas Tzortzis, Franck Bedrossian, George Aperghis, Luis Naón et Michael Jarrell.

Sa musique est interprétée par les Ensembles L’Itinéraire, Ars Nova, Il Suono Giallo, le Quatuor Arod, L’Instant Donnée, Contrechamps, Sillages, les solistes de l’Orchestre national de chambre d’Arménie, entre autres.

Note de ProgrammeL’Horloger des songes

L’Horloger des songes est une pièce à travers laquelle je tente de me rapprocher de l’univers des gravures de l’artiste Assadour. Il y a une lumière qui palpite souvent dans ses gravures, malgré leur teinte sombre et leurs textures embrouillées. Des objets qui surgissent de partout semblent créer un chaos, mais la finesse des gestes méticuleux de l’artiste, ainsi que la clarté de ses idées suggèrent un esprit géométrique qui charpente ce chaos lui donnant un ordre limpide. Un phénomène curieux apparaît dans ces gravures ; le temps s’y installe et s’agite sous plusieurs aspects : il sort d’un espace pour rejoindre un point ailleurs, il relie la destruction à la reconstruction, l’effacement d’une idée à l’émergence de plusieurs autres, il est suspendu, comme une lune perchée du ciel ; il est rythmé, morcelé, condensé ; il berce des figures humaines en mouvement vers l’avant, distordues mais positives, progressives, solennelles et heureuses.

Je dédie cette pièce à Assadour, l’artiste dont la finesse m’a toujours impressionnée au point que face à ses gravures je ne parvenais pas à dissocier l’œuvre que je regardais de l’image même de l’artiste au travail tel que mon imaginaire me le faisait figurer : une loupe dans un œil, des outils très fins et délicats dans les mains, penché sur le cuivre, se plongeant dans l’art du détail, comme l’horloger.