Samedi 15 janvier 2022 – 19h30
Auditorium du conservatoire de Brest
organisé par le Quartz, scène nationale de Brest
L’ Ensemble Sillages abrite en son sein des instrumentistes de très haut-vol que Gonzalo Bustos, le nouveau directeur artistique, souhaite mettre en lumière. La violoncelliste Ingrid Shoenlaub inaugure cette nouvelle série de portraits sonores avec gourmandise, abordant des œuvres d’esthétiques aux Antipodes, tant la diversité des écritures contemporaines luit de mille couleurs. Il faut aussi parler des deux créations mondiales – c’est le terme consacré – de Jean-Pascal Chaigne, qui, dans « Souffle », explore les graves avec une certaine ivresse des profondeurs, et d’Augustin Braud, virtuose de la vitesse qui compose avec les couleurs spectrales. Autre grand motif de réjouissance : la découverte de Caroline Shaw, compositrice américaine lauréate du Prix Pulizter de la Musique, très peu jouée par les ensembles européens. Traversé d’harmoniques claires, cet univers brillant, sensible, joyeux, est habité de souffles de fraîcheur qui lui confèrent une surprenante modernité.
Programme
Brian Ferneyhough (1943-), Adagissimo (1983) pour quatuor à cordes
Caroline Shaw (1982-), Boris Kerner (2012) pour violoncelle et percussion
György Kurtag (1926), Bagatelles 1 et 2 (1981) pour flûte, piano et contrebasse
Caroline Shaw (1982-), Valencia (2012) pour quatuor à cordes
Jean Pascal Chaigne (1977-), Souffle (2018) – CRÉATION MONDIALE – pour clarinette basse et contrebasse
Caroline Shaw (1982-), Limestone & Felt (2012) pour alto et violoncelle
Augustin Braud (1994-), De l’un, de l’autre (2019) – CRÉATION MONDIALE – pour violoncelle solo et ensemble (dédié à Marie Ythier)
Helmut Lachenmann (1935-), Toccatina (1986) pour violon
Brian Ferneyhough (1943-), Mort subite (1990) pour flûte, clarinette, percussion et piano
Caroline Shaw (1982-), In manus tuas (2009) pour violoncelle solo
Violoncelle Ingrid Shoenlaub
Flûte Sophie Deshayes
Clarinette Jean-Marc Fessard
Percussions Hélène Colombotti
Piano Vincent Leterme
Violon I Lyonel Schmit
Violon II Léo Belthoise
Alto Gilles Deliège
Violoncelle Marie Ythier (dédicataire de l’œuvre De l’un, de l’autre d’Augustin Braud)
Contrebasse Didier Meu
Danseuse Emilia Giudicelli
Direction Gonzalo Bustos
Metteuse en scène Valeria Urigu
En résidence au Quartz, Scène nationale de Brest, l’ensemble Sillages reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Bretagne au titre de l’aide aux Ensembles Conventionnés, de la Ville de Brest, du Conseil régional de Bretagne, du Conseil départemental du Finistère, de la Sacem action culturelle et de la Spédidam, les droits de l’interprète.
CRÉATIONS MONDIALES
AUGUSTIN BRAUD, De l’un, l’autre (2019)
« De l’un, l’autre est une pièce trouvant sa racine dans mes deux premiers concertos pour soliste et ensemble.
J’ai voulu dépasser les rapports entre un ensemble habituellement accompagnateur et un soliste à la présence dominante pour réfléchir à une hiérarchie moins évidente et permettant des échanges plus complexes entre les différents instruments. Le projet de cette pièce est notamment centré sur la présence au sein de l’ensemble d’un second violoncelle, agissant régulièrement comme ombre portée du soliste. L’incursion d’une cadence de percussion décale encore le paradigme de la pièce vers une vision formelle discursive à travers une durée d’environ 17 minutes et 30 secondes, où le violoncelle soliste guide l’auditeur à travers différents procédés mimétiques, imitatifs et répond à des sous-groupes instrumentaux pensés comme des entités chambristes.
Je remercie Marie Ythier, Philippe Arrii-Blachette et Gonzalo Bustos à qui cette pièce est dédiée. La composition de cette pièce a été rendue possible grâce à une Aide à l’écriture d’œuvres originales du ministère de la culture obtenue en 2019. »
Augustin Braud
JEAN-PASCAL CHAIGNE, Souffle (2018)
« Souffle, pour contrebasse et clarinette contrebasse, s’inscrit dans le prolongement de Trace (2014) pour contrebasse, Reflet (2015) pour clarinette, violon et violoncelle, et Entaille (2015) pour quatuor à cordes. Chacune de ces pièces a été l’occasion d’interroger un aspect spécifique de ma relation à la poésie d’Anne-Marie Albiach (1937-2012).
Dans ce duo, c’est sur la présence du souffle que s’est focalisée mon attention. Anne-Marie Albiach, à propos de son œuvre, confiait en effet à Jean Daive : « Le corps est très présent. Avec des blessures, des parures, le souffle. Le souffle. »
Pour révéler la présence d’un tel souffle dans ma musique, j’ai convié les instruments parmi les plus graves et exploré avec eux ce registre extrême dans lequel le souffle se dévoile le plus clairement, quelle que soit la nature des instruments (il apparaît tout autant sur les instruments à cordes qu’à vent).
Fait amusant, la composition de Souffle sera immédiatement suivie par celle d’un autre duo, son exact contraire : Hymne V, pour piccolo et xylophone, où c’est le registre extrême aigu qui sera cette fois convoqué… »
Jean-Pascal Chaigne
CAROLINE SHAW à l’honneur
Caroline Adelaide Shaw, née le 1er août 1982 à Greenville (Caroline du Nord) est une compositrice américaine qui vit à New York.
Caroline Shaw commence à jouer du violon à l’âge de 2 ans (sa mère est son premier professeur). Elle commence à composer à l’âge de 10 ans, dans un style imité de la musique de chambre de Mozart et Brahms. Néanmoins, son principal centre d’intérêt est le violon. Shaw reçoit sa Licence d’exécution (Bachelor of Music en violon) à l’Université Rice en 2004, et son degré de master (toujours en violon) à l’ université de Yale en 2007. Elle entre en 2010 en doctorat de composition à l’université de Princeton.
À trente ans, en 2013, elle devient la plus jeune récipiendaire du prix Pulitzer de musique pour sa composition Partita for 8 voices (« Partita pour 8 voix »).
Interview du festival Musica Strasbourg) : https://festivalmusica.fr/magazine/29/ladresse-de-la-musique