Questions à une compositrice : Birke Bertelsmeier

© Manu Theobold

site internet : www.birkebertelsmeier.com

À l’occasion du concert QUATUOR.S programmé par le Quartz, scène nationale de Brest le 26 octobre 2022 à 20h30 à l’Auditorium du Conservatoire à Rayonnement Régional de Brest Métropole, l’ensemble Sillages interprétera la pièce Heneidunken pour verres et quatuor à cordes de la compositrice allemande Birke Bertelsmeier.

Elle s’est prêtée au jeu d’un court entretien, nous l’en remercions :

Bonjour Birke,

Qu’est-ce qui vous a donné envie de composer ?

Le désir de donner forme à la musique de la façon que je veux qu’elle soit. Très tôt pendant mes leçons de piano je trouvais étrange de n’être pas autorisée de ré-arranger les œuvres des compositeur.ice.s ou qu’il y ait des règles exactes selon lesquelles il fallait jouer une pièce. Je trouvais cela trop monotone, quand j’étais enfant.

Qu’est-ce qui attire votre attention quand vous écoutez de la musique, ou toute manifestation sonore de votre environnement ?

La musique qui me surprend.

Les compositeur.ice.s développent une musculeuse écoute intérieure : à quoi ressemble la vôtre ? Est-ce que vous l’entraînez et comment ?

Je ne l’entraîne pas spécifiquement, mais en composant je la pratique constamment. Sans l’oreille interne il est difficilement possible de composer.

Quelles sont les techniques de composition que vous préférez et pourquoi ?

Les techniques de composition sont constamment en train de changer et d’évoluer.

Choisissez-vous toujours le thème d’une composition ? Comment déclenchez-vous la naissance d’une nouvelle idée ?

Parfois c’est le titre qui vient en premier, parfois c’est la musique. La meilleure inspiration arrive lorsque l’on ne l’attend pas. Le meilleur moment pour réfléchir à quelque chose c’est pendant un concert inintéressant ou un trajet en train. Vous n’êtes pas seule, mais vous pouvez être seule avec vos pensées.

Pour qui composez-vous ? Adressez-vous vos compositions ?

Avant tout je compose pour moi et ensuite automatiquement pour les autres. Parce que nous ne sommes pas si complètement différent.e.s dans nos perceptions.

Où composez-vous ?

Partout où c’est possible, mais de préférence dans une pièce avec un bureau, un grand piano, un clavier et un ordinateur. Donc le plus facile c’est à la maison.

Mêlez-vous la composition à d’autres pratiques (artistiques ou non) que vous avez ? Comment et pourquoi ?

De temps en temps j’écris le livret moi-même. Et un jour j’aimerais diriger.

Composez-vous parfois avec d’autres personnes ?

Rarement, mais pour certains projets, oui. Par exemple, pour un projet avec le chœur de la radio de Berlin (Rundfunkchor Berlin). À cette occasion j’ai travaillé à une composition en collaboration avec des artistes tels que Moor Mother, Colin Self, Planningstorock et d’autres.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

« Nichts » (Nothing – Rien). C’est le titre de mon nouvel opéra pour la jeunesse commandé par la Philharmonie Luxembourg.

Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé. Nous avons hâte de jouer votre pièce !

Portrait vidéo de Birke Bertelsmeier réalisé par Johannes List.
Œuvres jouées dans le film : Pandämonium, Giromaniaco, Amorette I, kurz vor’m

Biographie

Birke J. Bertelsmeier étudie le piano à la Musikhochschule de Cologne avec Pavel Giligov et la composition, d’abord avec David Graham à Düsseldorf, puis avec Wolfgang Rihm à la Musikhochschule de Karlsruhe, dont elle sort diplômée en 2008. Elle obtient par la suite un Master de musicologie en 2009, puis intègre le Cursus en composition et informatique musicale de l’Ircam en 2016-2017.

Ses compositions ont notamment été jouées par le Quatuor Arditi, Tabea Zimmermann, Christoph Eschenbach (avec le Bamberger Symphoniker) et l’Ensemble Modern. Elle est l’invitée de festivals comme la Biennale de Munich, les Wittener Tage für Neue Musik ou le Printemps de Heidelberg. En 2012, elle obtient le Prix Schneider-Schott et est boursière de l’Académie internationale de l’Ensemble Modern. En 2015, elle gagne le Prix de composition Ernst von Siemens.

Le catalogue des œuvres de Birke J. Bertelsmeier s’intéresse à différents genres : il se compose d’opéras (Ein falsches Märchen, 1995), de théâtre musical (Gib mir Dein, 2017), de musique de film (Papiersammlung, 2011), d’œuvres orchestrales (Zimzum, 2015 ; … reichen Hall, 2010 ; Stück, 2010 ; Im Nu, 2009), de musique de chambre et d’œuvres solistes (WhirliGigue, 2010). En 2014, le Deutsche Oper Berlin accueille les représentations de deux pièces de théâtre musical : Querelle, d’après Jean Genet, composée alors que la compositrice est pensionnaire à la Villa Massimo en 2013, et Nachtigall d’après Oscar Wilde. En 2017, son œuvre orchestrale vom blauen Himmel est créée pour le 80e anniversaire du bombardement de Gernica par l’Orkestra Sinfonikoa de Bilbao avec chœur et chœur d’enfants.

Birke J. Bertelsmeier enseigne la composition à la Beethoven-Haus de Bonn et au Landesmusikrat NRW, le conseil musical de la Rhénanie du Nord-Westphalie. En tant que bénéficiaire du Dorothea Erxleben Program, elle enseigne aussi de 2009 à 2011 à l’Université de musique et de théâtre de Hanovre.

© Ircam-Centre Pompidou, 2019

Sources

Ircam; col legno ; site de la compositrice.